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Les objets connectés : quelles utilisations en entreprise ?

Principalement sous la forme de bracelets d’activité, les objets connectés envahissent les entreprises au nom de la productivité ou de la motivation des employés. Comment la révolution des objets connectés va-t-elle s’inscrire en entreprise ? Entre bien être et surveillance accrue, analysons les différents cas d’usage sur plusieurs secteurs d’activité.

Capacité et perspectives d’utilisation.
Contrôle des déplacements, géolocalisation, surveillance des signes vitaux, analyse des emails, des connexions et des historiques de navigation : les applications de ces “Internet of things” sont nombreuses. Les nouvelles technologies, des logiciels munis d’algorithmes aux balises GPS, en passant par les bracelets connectés de “quantified self” (Mesure de Soi en français), permettent aujourd’hui aux employeurs de pister leurs salariés et de contrôler leur activité. On ne compte plus depuis 5 ou 6 ans le nombre de programmes de “bien-être” lancés, surtout dans des entreprises américaines, pour inciter les employés à marcher davantage ou à dormir plus. Les avantages mis en avant par ces sociétés sont avant tout le bien être et la motivation des employés. Prenons l’exemple de la société Biostyntrx, une entreprise américaine de compléments alimentaires. Elle lance en 2017 le Team Fitbit Challenge: tous les salariés sont équipés d’un bracelet d’activité « quantified self » dont toutes les données sont disponibles sur leur site web. Les avantages ? Inciter les employés à prendre soin de leur santé, améliorer la qualité de vie au travail, prévenir les risque psycho-sociaux (burn out, manque de sommeil, maladie non détectée), booster le niveau d’engagement des acteurs de l’entreprise, et surtout augmenter la productivité des employés.

L’émergence d’une nouvelle forme de discrimination.
Cependant, les objets connectés peuvent être la source d’une surveillance excessive et une nouvelle forme de discrimination. En effet, les salariés non-volontaires risquent surtout d’être catalogués par leurs collègues et leurs supérieurs comme “pas corporate”ou peu investis. Antoinette Rouvroy, chercheuse en philosophie du droit et membre du Comité de la Prospective de la CNIL, indique que “dès que l’on commence à se comparer aux autres, et surtout lorsque les normes sont construites de façon dynamique et interactive, la normalité est un savon qui glisse. Le quantified self risque de discriminer les utilisateurs qui ne seront jamais assez performants, assez optimaux.” Loin d’être une simple théorie, cette hypothèse s’est vérifiée dés 2014: aux Etats- Unis, un employé a été licencié pour avoir refusé de participer à un programme de ce type proposé par sa société, Orion Energy Systems. Suite à un procès gagné, il a finalement réintégré son entreprise.

Quel avenir pour les objets connectés au sein des entreprises ?
Les bracelets connectés pourraient jouer un rôle essentiel dans la gestion de la sécurité physique et logique des entreprises, selon les projections de la société d’études Gartner. « Ces bracelets embarqueront l’identité numérique des employés et remplaceront potentiellement les badges pour se déplacer dans les locaux, explique Annette Jump, Directrice de Recherche chez Gartner. Mais grâce à des mécanismes d’authentification forte, ils permettront aussi aux salariés de se connecter au réseau informatique de l’entreprise, d’avoir accès à certaines données sur leurs appareils mobiles ou encore de récupérer des documents imprimés ». Amazon compte également parmi les têtes pensantes du domaine. Le géant du commerce en ligne a en effet déposé en février 2018 un brevet pour un bracelet qui permettrait de suivre avec précision où les employés de ses entrepôts placent leurs mains, afin de s’assurer qu’ils restent actifs. Mieux : si l’employé n’est pas actif, a attrapé un mauvais colis ou a mal positionné ses mains, l’appareil hypothétique pourrait vibrer pour le prévenir. Enfin, ce bracelet surveillerait aussi la durée des pauses.

Que ce soit pour une volonté d’offrir un meilleur cadre de travail ou celle d’optimiser la productivité, il est certain que les objets connectés prennent de plus en plus de place dans notre univers professionnel. La CNIL a cependant pleinement assumé son rôle, en poussant les acteurs du Quantified Self à mettre en oeuvre le “privacy by design” (la vie privée par défaut), tout en sensibilisant l’utilisateur lui-même.

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